vendredi 11 novembre 2011

Des étiquettes pour ranger dans des cases



Non, je ne vais pas vous parler d'une méthode pour bien ranger son bureau !
Je réponds tardivement à Vaallos qui nous parlait des bébés que l'on met dans des cases dès leur plus jeune âge, et de ces personnes que l'on finit par créer à force de vouloir les faire rentrer dans ces fameuses cases.
J'ai mis du temps avant de commencer cet article car il y a en fait tellement de choses à dire sur ce sujet, que j'ignorais par quel bout j'allais commencer...


Je vais donc commencer par vous parler de mon Petit Bonhomme.


Le premier mois de sa naissance, j'en ai entendu des choses à son sujet !
A commencer par l'infirmière de néonat... Elle me dit avec un grand sourire "oh, il a beaucoup pleuré cette nuit", puis en regardant mon Lustucru "Mais je commence  à te connaître, toi, tu es un petit capricieux !" (oui, c'est sûr qu'il faisait des caprices... Il avait 2 jours, était malade, et avait été brutalement séparé de sa maman... pffffff.... Je vous jure, celle là, j'espère ne jamais la recroiser...)


Mon Loulou avait tendance à pleurer en bloquant sa respiration, comme des spasmes du sanglot. Ce qui lui a valu d'être qualifié  d'enfant colérique, ayant du caractère, probablement un enfant qui va être difficile... 
Mon fils était comparé à un autre enfant de mon entourage, réputé pour avoir un fort caractère, et qui pleurait de la même manière étant bébé. (bah oui, tant qu'à ranger bébé dans une case, autant le mettre dans une case où il y a déjà quelqu'un, c'est plus pratique...) A 1 mois, ma belle-mère trouvant qu'il pleurait beaucoup me dit "oh, il aura du caractère" ! Je lui réponds que c'est tout de même un peu tôt pour le dire ! Et voilà qu'elle me répond: "tu verras..." (genre, elle sait plus que moi...grrrrrr)


Bref, je n'ai heureusement pas écouté toutes ces co****ries !


2 mois plus tard, le discours avait totalement changé. Depuis les 3 mois de mon Lustucru, toutes les personnes qui le rencontrent, que ce soient des proches ou des inconnus, me disent qu'ils le trouvent calme, souriant, agréable, gracieux, sympa, un enfant "sur mesure", etc...


Je me demande alors ce qui ce serait passé si j'avais écouté ces co****ries du 1er mois.
Si, dès le départ, je m'étais mise dans l'idée que mon Loulou avait effectivement un fort caractère. Cela nous aurait sans doute placé dans un  rapport de force. J'aurais voulu ignorer ses pleurs, histoire de lui faire comprendre que ce n'est pas lui qui commande, au lieu d'être à son écoute. Ainsi, il ne se serait pas senti rassuré, en sécurité, et aurait sans doute continué à exprimer ses émotions, peut être de manière plus forte encore, rentrant ainsi dans ce rapport de force que j'aurais instauré. En grandissant, il aurait continué à exprimer "son caractère", donnant raison à toutes les mauvaises langues de la première heure. 
J'ai connu de ces mamans, ayant des enfants "difficiles", et expliquant que "heureusement que dès le début elles ont fixé des limites, heureusement qu'elles n'ont pas cédé" ... Mais, et cela n'engage que moi, je ne peux pas m'empêcher de penser que si justement elles avaient été davantage à l'écoute de leur bébé, sans avoir peur de "perdre le pouvoir", elles n'en seraient peut être pas là... (et d'ailleurs, je n'aime pas du tout ce terme de "céder"...)


Cela me fait penser à l'effet Pygmalion, que j'ai mentionné à la fin de cet article pour les Vendredis Intellos.
L'effet Pygmalion est un principe pédagogique qui veut que le regard qu'un enseignant a sur ses élèves peut influencer les résultats scolaires de ceux-ci.
Ainsi, si l'on place un enseignant dans une classe en le prévenant au préalable qu'il s'agit d'une classe difficile, ou au contraire d'une classe ayant de bons résultats, l'enseignant n'agira pas de la même manière. Et les élèves que l'on estimait "bons" dès le départ vont progresser davantage que ceux que l'on jugeait "difficiles".


Si cela est vrai en pédagogie, cela doit certainement être vrai dans notre rapport avec nos enfants.
Imaginez 2 enfants que vous ne connaissez pas. On vous prévient pour l'enfant (a) de faire attention car il a un sale caractère, et pour l'enfant (b), que c'est un enfant adorable.
Comment allez vous réagir quand l'un des enfants va pleurer ? Il y a fort à parier que vous n'aurez pas la même attitude selon si c'est l'enfant (a) ou l'enfant (b) qui pleure. L'enfant (b) bénéficiera probablement d'une meilleure écoute de votre part, alors que pour l'enfant (a), vous lui demanderez peut être "d'arrêter son cinéma"...


Le regard que l'on porte sur un enfant a donc une grande importance, et peut avoir une influence sur son comportement.
Une étiquette peut être néfaste, même si a priori elle semble positive. 
Ainsi, l'enfant qualifié de "fort", n'osera pas exprimer ses émotions, l'enfant "intello" aura la pression de la réussite, l'enfant "dévoué" aura peut être parfois l'impression de jouer un rôle qui n'est pas le sien, etc...


  
Alors, je vous l'accorde, ce n'est pas toujours facile d'éviter de coller ces étiquettes, et souvent les personnes qui le font ne pensent pas à mal.
J'ajouterais même qu'en tant qu'enseignante, c'est très difficile de ne pas catégoriser ainsi les élèves. Les évaluations, les mises ne place "d'aides personnalisées" pour les élèves "en difficulté", les réunions entre collègues, nous font parfois oublier l'enfant qui est derrière l'élève, l'enfant qui progresse  à son rythme, l'enfant qui n'est pas toujours un "élève stéréotypé". Je vous invite d'ailleurs à réfléchir à la notion de "bon" ou de "mauvais" élève ici.


Pour en revenir aux étiquettes que l'on peut coller, parfois inévitablement, sur nos enfants, je pense qu'il faut garder à l'esprit que chaque trait de caractère peut toujours être nuancé,  laissant ainsi une porte ouverte à l'enfant afin qu'il ne se sente pas enfermé dans un rôle.
Ainsi , mon Lustucru est en général plutôt cool, MAIS il sait s'exprimer quand quelque chose ne va pas.


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D'une manière générale, l'essentiel est d'être à l'écoute de son enfant, tout simplement. <3



1 commentaire:

  1. Je suis tout à fait d'accord avec toi Mardy ! Je crois aussi que la façon dont nous abordons l'enfant détermine ce qu'il va devenir, plus nous lui donnons de chance de s'exprimer, plus il est logique qu'il se sente en confiance et en sécurité <3 Merci pour ton partage <3 Gros Bisous à toi et à ton Lustucru <3

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