Pour ma première participation aux Vendredis Intellos, je vais vous parler de 2 sujets qui me tiennent à coeur: l'allaitement (voir ici) et l'acquisition de l'autonomie (voir là).
Certains diront que c'est incompatible. L'allaitement favorisant la fusion mère-enfant, cela paraît en effet contraire à l'accomplissement individuel de l'enfant.
C'est un peu le point de vue de la nourrice de Lustucru. Mon Bonhomme va chez la nourrice 2 jours par semaine, et il y a des moments pendant ces journées où l'absence du sein est difficile à vivre pour mon Loulou... Selon la nounou, je devrais lui donner le sein moins souvent à la maison. Elle ne l'a pas dit, mais je sais qu'elle pense qu'il est temps que je le sèvre.
Ma nourrice est vraiment super, mais nous différons sur un point: cette question de l'autonomie, justement.
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Sevrer mon bébé est tout simplement inconcevable pour moi ! Cette relation entre mon Lustucru et moi fonctionne à merveille, je ne vois pas pourquoi je devrais y mettre fin.
A moins que je sois certaine que ce soit pour le bien de mon Petit Bonhomme...
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Je suis allée donc mettre mon nez dans une "vieille" revue: Le Journal des Professionnels de l'Enfance à laquelle j'étais abonnée en ... 2005 !!! Je savais bien qu'un jour je les ressortirais !!!
Justement, il y a un numéro consacré à l'autonomie (numéro 35, juillet août 2005). Et dans ce numéro, il y a... un article qui parle d'allaitement !!!
Chouette, voilà exactement ce qu'il me faut !!!
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L'article est écrit conjointement par Fabienne Sarazin-Guyon Le Bouffy et Danielle Leys, psychologues cliniciennes.
"Faut-il avoir peur de bébé qui tète ?"
Morceaux choisis
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"Toute cette période de complicité corporelle et de symbiose psychique, de fusion entre le bébé et sa mère, doit être préservée. La recherche d'autonomie ne doit pas être visée à ce moment-là. D'ailleurs, en règle générale, l'autonomie doit rester une conquête de l'enfant, non une contrainte éducative. En matière d'autonomie, il est toujours possible de solliciter la compétence de l'enfant mais celle-ci risque de s'obtenir au détriment d'une certaine forme de liberté psychique. L'imposer trop tôt nuit à la conquête d'une authentique indépendance affective."
"Nous voyons de plus en plus souvent les nouveaux-nés recevoir une tétine sous prétexte que les bébés ont besoin de téter. De quoi s'agit-il ? L'enfant semblerait disposer d'un moyen autonome de satisfaire son besoin de réassurance. A une époque où le temps est compté en terme d'efficacité, il est certain que celui de réassurance ne paraît pas "rentable". (...) L'autonomie, ici, libère l'adulte plus que l'enfant."
"(Cette expérience de fusion) doit même durer suffisamment longtemps pour que l'autonomie y puise ses forces, sa puissance, lorsque l'enfant y est prêt. Les forces de croissance poussent l'enfant à la différenciation, à l'autonomie, à la séparation. L'autonomie imposée de l'extérieur crée de la dépendance car l'enfant immature a besoin de l'adulte pour la supporter."
"Une autonomie installée trop tôt risque de générer un comportement d'assistance plus qu'un esprit d'indépendance."
Et voici la conclusion de l'article:
"Et si un allaitement long favorisait cette indépendance de la mère et de l'enfant, et visait cette maturité adulte à laquelle chaque être humain aspire ?"
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Voilà, je n'ai donc aucune bonne raison de sevrer mon Lustucru !
La conquête de l'autonomie doit se faire progressivement, en étant à l'écoute de son enfant, de ses besoins, de ses capacités.... Tiens tiens, ça me rappelle l'esprit Montessori... Je continuerai de développer ce point lors de mon prochain rendez-vous "C'est mercredi, c'est Montessori !"
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